En partenariat avec l’association ARDEVIE, les élèves de la section hôtelière du Lycée ont organisé un déjeuner et un diner dans le noir le jeudi 22 février 2024.
Il s’agit d’un concept atypique et déroutant car les participants mangeaient dans une salle totalement plongée dans le noir.
Le menu unique (avec boissons) composé d’une entrée, d’un plat et d’un dessert n’a été dévoilé qu’à l’issue de chaque repas, ce qui a permis à chaque convive d’imaginer et deviner les ingrédients utilisés pour élaborer chaque met.
Après les repas, il y eut un moment d’échange avec l’équipe organisatrice et Anne Claude Roche, Gérard Muller ainsi que Pierre, tous trois déficients visuels. Ils ont ainsi pu expliquer leur quotidien et conseiller quant aux aides à apporter aux personnes malvoyantes.
Ce fut une grande première dans un lycée Hôtelier et une réussite pour les élèves du Lycée Simon LAZARD !
Reportage vidéo réalisé par TV MOSAIK
ARTICLE RL DU 28/02 ; Marie-Amélie MASSON
Un repas dans le noir pour sensibiliser à la déficience visuelle
Maëva dressait l’entrée du repas à l’aveugle : un tartare de thon à la mangue et aux fruits de la passion. Photo Marie-Amélie Masson
L’obscurité ralentit les gestes. Les bouteilles d’eau sont attrapées avec hésitation. La viande est coupée en douceur. Une expérience déroutante que celle de manger dans une salle totalement plongée dans le noir. Le lycée professionnel Simon-Lazard de Sarreguemines avec l’association Ardevie ont organisé un dîner et un déjeuner à l’aveugle jeudi 22 février. Une quarantaine de convives ont à chaque fois tenté cette expérience sensorielle.
Passer de la lumière à l’obscurité la plus totale ne convient pas à tous. Une jeune femme renonce à franchir la porte. Les autres sont guidés à leurs chaises par un des trois malvoyants, membres de l’association. Être privé de la vue donne l’impression de n’être entouré que par ses deux voisins et pas par une rangée de 38 autres personnes. « On oublie vite le noir », remarque Corinne Thinnes, conseillère municipale.
- Les élèves aux fourneaux
Le menu est une surprise pour tous et l’occasion de tester sa mémoire gustative et olfactive. « Il y a des fruits dans ce tartare de poisson non ? », demande un homme à l’ensemble des personnes autour de lui. Derrière ces drôles de mélanges, on retrouve la patte des élèves de terminale en baccalauréat professionnel des métiers de l’hôtellerie et restauration. Dans les cuisines, quelques minutes avant le début du repas, le professeur Jacques Blanc examinait une dernière fois les préparations de ses élèves. Maëva s’était chargée de dresser l’entrée. « C’est dommage d’envoyer de si belles assiettes dans le noir », regrette-t-elle. Son professeur lui répond : « Le beau, même les yeux fermés, ça se voit ! »
Le menu de ce dîner à l’aveugle a été confectionné par les élèves de terminale du lycée Simon Lazard. Photo Marie-Amélie Masson
- Trois malvoyants présents
Pour certains, ça se touche. « Je ne sais pas si j’ai fini mon plat, je racle plusieurs fois mais je n’ai plus rien sur ma fourchette », se demande Marie-Claude Botzung, agent d’entretien au lycée, les mains dans l’assiette. Puis les plats se volatilisent. Une main sur l’épaule pour prévenir de leur présence, les élèves servent et débarrassent les assiettes sans en faire tomber une miette.
Peu après le dessert, les lumières se rallument. Il faut plusieurs minutes avant de s’acclimater à cette luminosité soudaine. Une table est dressée pour découvrir les différents mets dégustés quelques minutes plus tôt : carpaccio de cèpes au pain noir, tartare de thon à la mangue et fruit de la passion, filet de bœuf avec une sauce chocolat accompagné d’aubergines gratinées, ou encore tartelette aux mures… Certains sont surpris, d’autres non.
Ce dîner dans le noir est le quotidien de Marie-Claude, Pierre et Gérard. Ces trois malvoyants, membre de l’association, répondent aux questions des plus curieux. La première est médecin en activité, le deuxième accordeur de piano et le dernier a parcouru Pékin-Paris en tandem. Leur handicap module leur vie mais ne les restreint pas. « Vous avez de la chance, vos assiettes étaient creuses et le noir vous protégeait des regards des autres », fait remarquer Marie-Claude.
Ce n’est qu’à la fin du repas que les lumières ont été rallumées. Photo Marie-Amélie Masson
Déjà un rendez-vous récurrent pour Ardevie, le proviseur n’exclut pas un nouveau dîner l’année prochaine avec la nouvelle classe de terminale.